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MAIS QUI

ES-TU?

"Il n'y a personne, aujourd'hui qui est entré dans ce vestiaire par hasard"

Antoine Amsellem

Attaquant, numéro 2

Esprit Volants : Raconte nous un peu tes débuts et pourquoi le hockey ?

 

Antoine Amsellem : J’ai réellement commencé le hockey à 5 ans. Mais la première fois que je suis monté sur des patins c’était vers 3 ans ½. Un pote de ma mère, qui jouait au hockey, nous a emmené à la séance publique, il m’a mis au milieu de la glace et dès que je suis arrivé à la balustrade je savais que je voulais faire du patin. Suite à ça j’ai demandé à faire un sport sur la glace, sans savoir encore que le hockey existait, je me suis retrouvé inscrit et je n’ai plus jamais lâché.

 

EV : Explique nous un peu ton parcours.

 

AA : J’ai commencé au club de l’ACBB (Boulogne Billancourt) comme Jérôme Wagner, j’y ai joué jusqu’en cadets puis je suis parti à 18 ans jouer à Rouen où j’ai rencontré Arnaud Mazzone. J’ai ensuite enchainé avec 10 ans de ligue magnus entre Rouen, Anglet, Dijon et Tours. A 28 ans je suis revenu à Paris pour me reconvertir professionnellement et je suis revenu jouer à Boulogne pendant une saison en D2. J’ai ensuite joué pendant 1 an ½ pour le club d’Asnieres avec Ian Fellbom, qui était tout jeune à l’époque et en cours de saison je suis arrivé aux FV.

Je suis arrivé la même année qu’Alex Muse je me rappelle on jouait les relégations. Puis les 2 années suivantes on a eu une belle équipe avec Fred Brodin.

Depuis 4 ans je partage le « poste » de joueur/entraineur avec Jérôme pour l’équipe séniors.

 

EV : Tu as déjà fait des sélections nationales ?

 

AA : J’ai fait un championnat du monde moins de 18 ans puis 2 championnats du monde moins de 20 ans, dont un que l’on a remporté avec Z (Arnaud Mazzone), Sébastien Dermigny et plein d’autres.

 

EV : Pourquoi les Volants ?

 

AA : Quand je suis revenu à Boulogne je me suis rendu compte que le projet d’équipe ne me plaisait pas vraiment, malheureusement le club a été relégué en D3 et je voulais continuer de jouer en D2. C’est pourquoi je suis rentré au club d’Asnières en D2. L’ambiance d’équipe ne m’a pas plu, j’ai donc décidé d’arrêter. C’est à ce moment que j’ai appelé Fred pour qu’il me prenne une licence aux FV, je voulais juste de la glace. Je me suis vraiment bien entendu dans ce vestiaire, je me suis pris au jeu, joué des matchs à domicile, à l’extérieur et au final j’ai repris goût au jeu. L’année suivante, le projet m’a vraiment motivé, le club avait des objectifs mais malheureusement nous n’avons pas réussi à les atteindre.

Quand Fred est parti, j’avais encore envie de jouer et c’est là que le club nous a proposé à Wagui et moi de reprendre le poste d’entraineur à deux pour pouvoir continuer de jouer.

 

EV : C’est pas trop difficile cette double casquette d’entraineur/ joueur ?

 

AA : Ça l’est quand tu perds mais aussi dans le fait que tu es tout le temps obligé de montrer l’exemple, d’agir comme toi tu demandes à tes joueurs d’agir. La vision du jeu aussi est compliquée, parce que l’on joue le même match que les gars, on ne peut pas tout voir, quand tu es sur le banc tu reprends ton souffle, tu te re-focalises sur ton propre jeu. Il faut savoir être juste, analyser.

Depuis que l’on est à ce poste avec Jérôme notre règle d’or c’est de prendre des gens que l’on connaît, avec qui on a déjà joué, dont on connaît les valeurs. La bonne ambiance dans l’équipe c’est bien, mais ça ne fait pas forcément gagner, alors ce n’est pas évident de gérer tout ce petit monde, c’est surtout pour ça qu’on le fait en duo. On a chacun sa vision, on ne joue pas au même poste, on se complète ce qui fait que l’on arrive tant bien que mal à avoir une vision globale du jeu. Maintenant c’est sûr que ce n’est pas évident, c’est pour ça qu’on essaye de jouer avec des mecs qui ont la maturité de pouvoir s’auto-gérer. C’est ce qui est le plus difficile à mettre en place et à maintenir. Le groupe est très important dans son auto-gestion d’où l’intérêt de connaître aussi le jeu des mecs avant, leur façon d’aborder les choses.

Il n’y a personne, aujourd’hui qui est rentré dans ce vestiaire par hasard. Ça donne des choses marrantes parfois. Par exemple l’année dernière, quand il y avait les gars du 91, depuis que l’on a cinq ans on se tape dessus, on se connaît par cœur et il a fallu non plus jouer contre eux mais avec eux. Un mec comme Z (Arnaud Mazzone) je le connais depuis tout petit, on a fait tous les voyages, toutes les sélections, on a été en famille d’accueil ensemble. Jérôme et moi on a joué 10 ans dans le même club…ça fait partie des mecs sur qui tu peux compter. On connaît les mecs mais en même temps on n’est pas dans leur vie non plus, on arrive tous avec nos problèmes, notre bonne humeur et tout…

Tout ce mélange est à l’image de ce que l’on vit cette année avec des plus ou moins bons résultats et oui heureusement qu’il y a un groupe. Ça peut poser problèmes parfois parce que le fait d’être copains tu t’attends à ce que ton copain fasse le boulot pour toi et c’est pas une bonne façon de penser. Mais bon ça c’était avant, 2017 est une nouvelle année et ça va changer.

Maintenant, ça fait 4 ans que l’on termine 1ers du championnat et arrivés au Play Off on se fait lyncher donc vaut mieux peut être terminer au milieu du classement et aller plus loin… Il y a toujours un mal pour un bien.

 

EV : Est-ce que tu peux nous parler de l’ambiance qu’il y a dans l’équipe, en tant que joueur surtout ?

 

AA : Dans une équipe c’est vraiment une qualité de jouer avec des potes, à partir du moment où tu rentres dans une équipe, tu rentres dans une famille. Après, le fait d’être une bande de copains c’est génial, vous avez dû l’entendre dans toutes vos interviews mais c’est aussi à double tranchant. Avant tout on est des joueurs de hockey, ce qui nous a emmené ici c’est l’amour de ce sport c’est pas l’amitié et j’ai peur que ça puisse s’oublier parfois.

C’est aussi la meilleure chose que le club puisse avoir aujourd’hui, une équipe saine, un groupe sain avec des gens qui s’entendent bien. Le championnat n’est pas fait en sorte que l’on se prenne pour des professionnels non plus, ce n’est pas ce que l’on demande aux mecs.

 

EV : C’est une équipe avec une majorité de joueurs français, il n’y a pas d’étrangers ?

 

AA : Oui c’est agréable mais ça peut aussi devenir un point négatif. Quand tu rencontres des équipes avec des joueurs étrangers, les mecs ils sont là que pour gagner, ils sont concentrés sur la victoire à tout prix. Le samedi soir, ils sont là pour se faire remarquer, pour apporter une valeur ajoutée, ce sont des mecs à la recherche du résultat. Aujourd’hui nous on ne peut pas se permettre de prendre des joueurs étrangers, d’un point de vue budgétaire mais c’est admirable d’avoir une équipe comme on a et d’être compétitifs comme on peut l'être. On a la chance d’avoir Oleg (Kusmin) et Vlad (Mikula) en joueurs étrangers.

 

EV : Est-ce que tu as un rituel d’avant match ? Un fétiche que tu mets dans ta poche ?

 

AA : Oui, je mange des pâtes et du poulet (rires), j’aime bien faire la sieste aussi.

 

EV : Dans le vestiaire, tu arrives a te mettre dans ta bulle ou tu gardes un œil sur tout ce qui se passe autour ?

 

AA : C’est assez particulier, dans le vestiaire il n’y a pas de moment où j’ai le temps de penser à moi en tant que joueur. Je suis tout le temps en train de me demander, si je dois leur dire ou pas tel ou tel truc, je me pose aussi pas mal de questions. Quand je parle j’essaye d’englober tout le groupe, de trouver les bons mots, de ne pas fixer quelqu’un en particulier. Quand je suis sur la glace je pense a jouer, quand je suis sur le banc j’essaye de coacher et de respirer.

Après, c’est vrai que depuis que l’on est à ce poste avec Wagui tous les ans ont a eu des blessures en alternance donc ça fait qu’il y a toujours eu quelqu’un sur le banc, ça apporte énormément mais je touche du bois ça n’arrivera pas cette année. C’est aussi frustrant, parce que l’on est des joueurs de hockey avant tout et notre championnat n’a pas 50 matchs non plus, donc te retrouver sur le banc c’est pas la meilleure des place. 

 

EV : Est-ce que tu as un surnom ?

 

AA : J’en ai eu pas mal, j’ai eu le droit à « Boom Boom » pendant un moment. Ça dépend des équipes mais actuellement c’est plutôt sympathique ils m’appellent « Tonio », des fois j’ai droit à « Coach » mais bon je ne suis pas forcément fan.

 

EV : Un conseil que tu pourrais donner aux jeunes qui commencent le hockey ? Si un jeune vient te voir demain et te dit « moi je veux jouer en équipe de France, je veux être professionnel » tu lui dis quoi ?

 

AA : Je  lui dis, vas y fonce, vas y à fond. Moi, je suis un passionné alors c’est évident que je lui donne cette réponse. Je n’ai jamais eu un talent de fou mais je suis arrivé à faire mon petit bonhomme de chemin en survivant du hockey parce que c’est mon cœur qui me dictait de continuer. Je lui dis, vas y, vis ta passion mais n’oublie pas de bosser à coté. Si tu as la chance de faire un sport-études, en particulier à l’étranger, vas y.

Surtout sois gentil avec tes parents parce que lorsque t’es gamin tu ne peux compter que sur eux. Moi, mes parents se sont arrachés les cheveux entre les différentes patinoires.

Essaye de tout jumeler au maximum, moi je n’ai jamais pensé que l’on pouvait faire deux choses en même temps, car il y a des risques de bâcler les deux. Vas à fond dans un truc, vis le, pousse au maximum les études que tu peux faire. Maintenant si t’es pas fait pour les études, prends une voie professionnelle, trouve un boulot mais faut pas l’oublier que la passion ça dure un temps, surtout dans le sport. C’est vrai que quand tu te réveilles à 25/30 ans faut ouvrir les yeux et se demander ce que l’on peut faire d’autre. Moi quand je suis revenu à Paris à 28 ans je ne savais que jouer au hockey, je n'avais jamais bossé à côté, je suis rentré pour me reconvertir.

Si t’es passionné il ne faut pas avoir de regrets.

 

EV : Qu’est-ce que tu attends du public parisien ? Un mot pour les supporters ?

 

AA : C’est différent aujourd’hui des deux dernières saisons que l’on a pu avoir avec Fred à l’époque. Aujourd’hui c’est vrai qu’il manque une organisation autour de l’équipe séniors, avec Jérôme on entraine, on joue mais on fait aussi les manageurs, les responsables de bus, on ne peut pas tout faire. Heureusement, on a un coup de main de Jean Quentin pour l’équipement. L’année dernière on a pu échanger avec Esprit Volants pour créer de l’animation mais on ne peut pas se permettre en terme de temps de toujours le faire. Heureusement que vous êtes là, ça c’est clair.

En ce qui concerne le public, c’est vrai que la patinoire aujourd’hui se remplie grâce à l’AccorHotel donc ce n’est pas forcément un public qui connaît le hockey. C’est agréable de voir du monde mais ça l’est encore plus de voir de la couleur, d’entendre du bruit, ça c’est génial. Un match à domicile en ce moment, oui il y a du monde mais c’est plutôt « calme ».

Ce que l’on attend nous c’est pour les Play- Off, que ce soit fou. Si vous avez l’occasion de refaire des petits drapeaux, de mettre du bleu, du blanc partout pour nous c’est sûr que ça fait la différence, c’est vraiment un truc en plus. Rajouter à ça, un mec au micro qui vient mettre un peu le « bordel » c’est encore mieux. Sincèrement, jouer devant un public, même si c’est 300 personnes, quand les gens sont à fond c’est génial. J’ai des souvenirs de l’époque ou je jouais à Anglet, en final du championnat de voir des tribunes remplies de mecs en blanc avec des foulards rouges, ça ça te marque.

Pour résumer, on attend qu’il y ait du monde, que les gens qui connaissent le hockey aient la possibilité d’animer un peu plus la tribune avec du matos et des voix… maintenant pour faire lever un public je le reconnaît les joueurs ont aussi leur taff à faire. C’est sûr que l’on aimerait voir des cotillons de partout, des fumigènes et du bordel !

 

EV : Dernière question, qu’est ce que tu préfères chez toi ?

 

AA : Ma femme.

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